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Encore un grand classique que je découvre bien tardivement. Le genre de films où l’on se dit « Mais pourquoi ai-je attendu aussi longtemps ? ». Mais bon, dans 10 ans je serai probablement encore en train de me lamenter de voir beaucoup trop tard tel ou tel chef-d’œuvre multi-encensé. Plus j’avance dans ma découverte des films, plus il me semble que les frontières reculent et que la richesse du cinéma est insondable. Tant mieux.
Donc, Orfeu Negro, Palme d’Or à Cannes en 1959, est un film français de Marcel Camus (et non d’Albert comme je le croyais jusqu’à ce jour … hum), transposition dans le Rio actuel du mythe antique d’Orphée aux enfers.
Pendant les toutes premières minutes, j’ai eu peur qu’Orfeu Negro ne soit qu’une espèce de carte postale d’un français en goguette à Rio qui tomberait amoureux de ce pays à tel point que son film n’aurait aucune nuance et aucun discernement. En lisant quelques articles sur le Web, c’est d’ailleurs une critique qu’on retrouve souvent : on remercie Marcel Camus d’avoir fait découvrir la bossa nova au monde occidental mais on lui reproche d’avoir une approche légèrement condescendante à l’égard de la culture noire brésilienne. En bref, on l’a accusé d’avoir un peu la même ligne éditoriale que ces crétins du Guide du Routard (« dont les têtes de cons s’étalent en 4ème de couverture » … dans mes bras Michel Houellebecq !).
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Donc au diable les moralisateurs, le film est splendide visuellement, traversé d’images oniriques (ah cet escalier circulaire qui descend aux Enfers !), le tout baignant dans de belles couleurs chaudes. La musique est également envoûtante mais au final ce sont les destinées de ces personnages qui m’ont enthousiasmé. De toutes façons, dès qu’il y a des jeux amoureux basés sur des masques et des travestissements, bref, dès qu’on baigne dans du Marivaux, je craque complètement. On a beau connaître le mythe d’Orphée et Eurydice et savoir que tout cela va mal se terminer, on s’attache immédiatement à cette histoire d’amour tant les protagonistes sont aimables. Marpessa Dawn est d’une beauté juvénile saisissante, d’abord tout en retenue dans son ingénuité et ensuite extrêmement sensuelle lorsqu’elle danse. Et Breno Mello est vraiment touchant de bout en bout.
Le plus beau moment est peut-être tout simplement la scène finale (ci-dessus), poétique, sublimée par la musique, et débordante d’optimisme après la tragédie que nous venons de vivre. Une scène étonnante de simplicité et de pureté qui illustre si bien cette philosophie que j’aime tellement retrouver au cinéma : « Vivre malgré tout ».