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Vilgot Sjöman, 1967
Pitch : le film raconte les tribulations d'une jeune fille de 20 ans, dans le Stockholm de la fin des années 60, alors en plein révolution sexuelle. Notre héroïne, Lena (Lena Nyman), cherche par tous les moyens à comprendre le monde dans lequel elle vit. Avec un ami étudiant, elle interviewe des inconnus dans la rue, des jeunes appelés, des hommes politiques ou encore des personnes célèbres (dont Martin Luther King !) en leur posant des questions du style "Pensez-vous que la Suède ait un système de classes ?" ou "Que fait le gouvernement pour la jeunesse ?". Avec son groupuscule d'activistes, elle organise également des manifestations impromptus et contradictoires : contre la guerre au Vietnam ou pour l'accès à la bombe atomique pour la Suède.
Bref, notre petite Lena se cherche une place dans cette société changeante et doit mener en parallèle une sourde lutte contre son père à qui elle reproche son manque d'engagement en politique (pour le faire enrager, elle affiche un poster de Franco dans sa chambre). Enfin, elle vit une histoire compliquée avec un jeune garçon de bonne famille. Lassée de tout, incomprise, elle choisit de fuir à la campagne pour mener une existence zen à base de yoga, de vélo et d'osmose avec la nature. Saura-t-elle résister au retour de son petit copain ?
Questions intéressantes, laissées sans réponse, et qui donnent un ton très politique au film. On dirait presque du Godard, en moins prétentieux et plus léger. Il faut avouer que cette Lena est très attachante, d'une curiosité insatiable, prêt à poser toutes les questions, à tout tenter. Elle est bien loin du stéréotype de la suédoise des années 60 : Lena est une fille de petite taille, un peu boulotte, qui crie, s'énerve et change d'avis toutes les cinq minutes. Elle fait preuve d'une vitalité et d'une envie d'avancer qui la rendent très attachante.
Dans sa forme, Je Suis Curieuse est également proche de Godard et de la Nouvelle Vague en général : tout est filmé en décor naturel, caméra à l'épaule et les incessants jump cuts (des raccords qui cassent la continuité) semblent tout droit sortis d'A Bout de Souffle. Les acteurs sont visiblement amateurs, la narration est aléatoire et le film mélange indifféremment le documentaire et la fiction. Personnellement, je trouve que cette manière de filmer a plutôt mal vieilli et qu'elle s'apparente plus à une mode passée qu'à une démarche artistique personnelle. Mais ce n'est pas très important car on sent une vraie sincérité dans la démarche de Vilgot Sjöman. Ce film rend bien compte du bouillonnement de cette jeunesse - bouillonnement qui allait déboucher sur Mai 68.
Et quid des scènes de sexe qui avaient fait scandale ? Eh bien, d'une part, elles ne sont pas très nombreuses (le propos politique est bien plus important) et, vues en 2009, elle ne sont évidemment plus très scandaleuses. Je crois que c'était le baiser de Lena sur le sexe de son copain qui avait mis le feu aux poudres à l'époque. Bon, c'est vrai que c'est un peu olé-olé mais ce n'est pas cette image qui m'a le plus marqué. Je me souviens plus des belles images de l'escapade de Lena à la campagne, de la courte séquence onirique ou encore de l'étonnante scène finale à l'hôpital où Lena et son petit ami ont leurs corps intégralement nettoyés, comme pour les purger de leurs péchés et de leurs pensées impures. Serait-ce la morale du film ?
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Le programme zen / bio de Lena est bien réglé ...
... jusqu'à ce que son copain revienne
1 commentaires:
UNE STAR EST NEE : SOLINE GOSSIAUX
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