Jack Arnold, 1957
En explorant ces derniers mois l'insondable filmographie de Jess Franco l'italien, Jean Rollin le français ou Mario Bava l'italien, j'ai un peu négligé la série B américaine. J'ai donc tout récemment entrepris de rattraper mes lacunes dans ce domaine.
On commence par un grand classique (d'après ce que j'ai lu) signé Jack Arnold. D'autres suivront très bientôt.
Pitch : comme son nom l'indique, ce film raconte l'histoire d'un homme qui, après avoir traversé une espèce de nuage radioactif, se met inexorablement à rétrécir. Les médecins sont incapables de comprendre son mal et donc de l'aider. Notre héros Scott (Grant Williams) perd son boulot et doit s'enfermer avec sa femme dans sa (grande) maison assaillie par des journalistes en quête de sensationnel. Il se stabilise à un moment à 80cm environ et se retrouve un peu à trainer comme une bête de foire dans le milieu du cirque. Lors d'une touchante scène dans un café, il rencontre d'ailleurs une ravissante femme dans le même cas que lui. J'ai cru à ce moment-là que le film allait devenir une espèce de comédie romantique chez les freaks.
The Incredible Shrinking Man est avant tout un film remarquable d'efficacité : le phénomène de rétrécissement débute immédiatement, le récit est ramassé et très vite on s'intéresse à cette histoire étonnante, sans se demander le pourquoi du comment. Cette efficacité narrative fait aussi la limite du film : toute psychologie est exclue, la personnalité de Scott ne nous est pas exposée et en fin de compte il n'est qu'un homme qui rétrécit. Il est donc assez peu attachant. Peut-être est-ce dû à l'acteur qui est assez inexistant il faut bien l'avouer. On suit donc ses aventures au sens matériel du terme mais assez peu son aventure psychologique à lui.

Cette regrettable déshumanisation de l'histoire est constante durant tout le film à l'exception de deux moments. D'une part, un début d'histoire d'amour et donc une humanisation du héros surgissent lors de la rencontre de Scott avec une autre femme qui a également rétrécie (comment ? on ne saura jamais). C'est dommage que cet élan romantique soit inexplicablement coupé net. D'autre part, la fin du film est constituée d'un étrange monologue en voix-off du héros qui part dans des élucubrations métaphysiques assez étonnantes. The Incredible Shrinking Man se termine de manière très ouverte et pas classique du tout, laissant le spectateur sur une note rêveuse.
Et enfin, en dehors de cet étonnant finish, je regrette l'absence totale de poésie dans ce film. Avec un tel sujet, je me dis qu'il y avait vraiment de quoi composer des plans esthétiques et inhabituels pour illustrer cette disproportion entre Scott et le monde. Mais en dehors d'un plan de talon de chaussure et de la scène de combat contre le chat, tout cela reste très sérieux et très clinique, à l'opposé du 7e Voyage de Sinbad, qui à partir de la même situation (un personnage devenu minuscule) nous propose des images vraiment émouvantes et humaines.
Au final, histoire d'être un peu lapidaire, The Incredible Shrinking Man nous raconte une bonne histoire, bien construite, avec un soupçon d'étrange, mais c'est à peu près tout ce que j'en retiens d'appréciable.


La lutte de Scott contre son chat
Belle image de talon avec Scott qui galère en arrière-plan
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