
Francis Ford Coppola, 1985
On continue les portraits de femme avec le relativement méconnu Peggy Sue Got Married, réalisé pourtant par le poids-lourd qu'est Francis Ford Coppola, qui vivait à cette époque une certaine traversée du désert. Je crois que c'est au départ un film alimentaire, de commande - mais sur lequel Coppola influe une vraie touche personnelle et émouvante.
Pitch : Peggy Sue (Kathleen Turner) est une femme de 45 ans, divorcée de Charlie (Nicolas Cage), le seul et unique homme de sa vie, avec lequel elle s'était mariée juste en sortant de l'université. Peggy Sue se rend à contre-cœur à la soirée des 25 ans de sa promotion de lycée. Elle y retrouve toutes les anciennes stars du lycée, ses vieilles copines mariées avec plein d'enfants, le nerd qui devenu une star, le connard qui est resté un connard etc. Elue prom queen, Peggy Sue tombe dans les vapes et se réveille ... en 1960 ! La voilà projetée 25 ans en arrière, avec toute sa tête et son expérience de femme mûre. Cette fois-ci, Peggy Sue est bien décidée à profiter au mieux de ses vertes années et de ne pas répéter les erreurs du passé.

Notre Peggy Sue dégage en effet une envie de vivre qui est tout à fait réjouissante - envie de vivre doublée d'une douceur toute féminine. En alternance avec des scènes de comédie pure basées sur le décalage, le film nous propose des scènes vraiment touchantes, sans jamais tomber pour autant dans une mièvrerie de bas-étage. Les retrouvailles avec la petite soeur qui a trop longtemps été négligée (interprétée ici par la toute jeune Sofia Coppola) ou encore le coup de téléphone avec la grand-mère (qui, pour la Peggy Sue de 45 ans, est morte depuis belle lurette) sont des scènes véritablement émouvantes, portées par la justesse du jeu de Kathleen Turner.
Evidemment, on pense beaucoup à Back to the Future en voyant Peggy Sue Got Married : les deux films, réalisés la même année, s'appuient sur un voyage temporel entre les années 80 et la fin des années 50 et se déroulent tous deux dans une ambiance de college movies. Mais autant Marty McFly est un type plutôt stressé (et pour cause ! si ses parents ne se rencontrent pas, il risque de disparaître), maladroit, presque asexué et souvent dénué d'émotions, autant Peggy Sue fait preuve d'un vraie envie de s'amuser et de brûler la chandelle par les deux bouts - comme dans la scène de la surprise-party où elle pouffe comme une hystérique devant le show de Nicolas Cage et de ses acolytes.
En revanche, pour poursuivre la comparaison, Peggy Sue Got Married n'a pas la même perfection scénaristique que Back to the Future et le film s'en ressent quelque peu sur la fin que j'ai trouvé un peu artificiel (Peggy Sue n'a ici aucune raison de rentrer "chez elle", en 1985). Cette absence de climax final m'a un peu laissé sur ma faim. On peut également voir dans ce film (qui est un vrai régal, je le souligne !) un plaidoyer féministe, dans le bon sens du terme : les théories quelque peu rétros du Charlie de 1960 sur le rôle de la femme dans le couple sont joyeusement démolies par l'espiègle Peggy Sue dont l'insulte la plus percutante reste "Get lost, you macho smuck!".
"Autant en profiter, je suis sans doute déjà morte de toutes façons" déclare Peggy Sue à un moment du film. A la réflexion, cette petite phrase anodine ne serait-elle pas à sortir de son contexte et à prendre au premier degré, comme un appel à l'hédonisme ?


Entre Charlie et Peggy Sue ...
... il y a maintenant comme une barrière générationnelle


Comment résister à de tels looks ?
Elles n'y résistent pas d'ailleurs
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