Les Chaussons Rouges

jeudi 8 avril 2010

Red Shoes
Michael Powell & Emeric Pressburger, 1949


Le premier Powell/Pressburger que je vois, et sans doute pas le dernier.

Tout comme comme A Star is Born & Singing In The Rain, que j'ai vu et revu tout récemment, Red Shoes est un film musical qui montre les coulisses du show-business. C'est amusant, il semble que cette typologie de film comporte une trame cyclique récurrente : exposition d'une star (de cinéma, théatre ou ici ballet), déchéance de cette dernière au profit d'une nouvelle étoile montante, love story entre cette nouvelle star et un protagoniste-clé (ici le compositeur/chef d'orchestre) et puis, variante possible, nouvelle déchéance ou happy end. En l'écrivant, je me rends compte que c'est aussi le pitch de All About Eve.

Voilà bien un inconvénient à regarder trop de films : on finit par les disséquer, les comparer, les ranger dans des cases et au final on prend le terrible risque d'en ôter la magie. C'est MAL.

Quoiqu'il en soit, la magie du cinéma, celle qui me fait toujours courir, a opéré à plein pendant la scène centrale, à savoir la représentation des Chaussons Rouges le ballet au sein des Chaussons Rouges le film. Cette fascinante mise en abîme d'une trentaine de minutes est d'une inventivité et d'une grâce inoubliables. Powell & Pressburger s'écartent très vite du simple cadre d'un ballet filmé : le champ s'élargit, les décors deviennent gigantesques, l'onirisme et le fantasme s'immiscent et on ne peut que rester bouche bée devant une telle beauté. Remplacer une vague d'applaudissements par une vraie vague de la vraie mer est une idée aussi audacieuse que géniale. Et quand Moira Shearer agite ses petits pieds pour se débarrasser de ses chaussons, je vous défie de ne pas fondre devant une telle grâce.

Après un tel climax, la fin du film est un tantinet moins enchanteresse. Certes j'ai également jubilé devant cette idée très astucieuse (et pas trop appuyée) de transposer la trame du conte d'Andersen dans la vie de notre danseuse-étoile mais bon, le rythme s'étiole quelque peu.

Soulignons enfin que l'image, en Technicolor, est absolument superbe ; le film a été restauré tout récemment, avec le concours de Martin Scorsese d'ailleurs, et méritera largement une 2e vision. Courez le voir chers lecteurs.

Related Posts by Categories



Widget by Hoctro | Jack Book

5 commentaires:

mimylasouris a dit…

J'étais déjà entrée dans la danse avant que vous nous enjoigniez à courir, mais cela ne m'a pas empêchée d'apprécier cette critique - notamment la vague que je n'avais pas vu comme une re-motivation de l'expression "vague d'applaudissements" mais plutôt comme un déferlement d'émotions traduit de manière un brin kitsch.

tarot gratuit a dit…

Parfait, ce post est très intéressant et je rejoins particulièrement votre opinion

horoscope a dit…

Merci pour l’effort que vous avez consenti en créant ce site, une information mieux partagée c’est aussi cela une des valeurs de la démocratie... si je puis faire quoique ce soit pour aider ce site j’en serai ravi.. Bonne continuation !

zerodeconduite a dit…

Merveille que ce duo Powell / Pressburger !
Merveille que ces "Chaussons rouges".
Il faut tout voir d'eux (lorsque c'est possible). "Colonel Blimp", "Une question de vie ou de mort", "Le narcisse noir", "Je sais où je vais". Du cinéma comme on en fait plus.

cosla a dit…

La photo est de Jack Cardiff (Peeping Tom, A Matter of Life and death ou Black Narcissus pour Powell notamment). Je dis ça c'est pas pour la ramener, mais c'est une pointure du Technicolor, et à Cannes y'avait un doc sur lui - j'ai pas vu- le bonhomme avait 90 ans quand j'ai espéré pouvoir l'interviewer à Londres, je correspondais via le net avec sa femme. Malheureusement c'est devenu compliqué et je n'ai pas pu le rencontrer. The Red Shoes est un total chef d'oeuvre - Schoonmaker la monteuse de Scorcese est d'ailleurs la veuve de Mickael Powell. C'est puissant. Et infernal.

Enregistrer un commentaire

-