11 novembre

mardi 11 novembre 2008

Cet anniversaire de l'armistice de 1918 me paraît être le jour idéal pour déterrer l'obscur mais excellent groupe gothique français Collection d'Arnell-Andréa.

Les joyeux drilles de Collection d'Arnell-Andréa, en 2002

Ce groupe, basé à Orléans, existe depuis 20 ans mais je ne connais que l'album Villers-aux-Vents, sorti en 1994, qui suscite chez moi une forme de fascination légèrement morbide. Il s'agit d'un concept-album entièrement consacré à la 1ère guerre mondiale et à ses horreurs. Dans ces chansons aux titres évocateurs (Le Chemin des Dames, Verdun, Les Hauts de Meuse), il n'est question que de douleurs, de poussières, d'agonies, d'aubes profanes, de tertres etc. Les mots employés restent toujours dans un champ sémantique fortement évocateur, lourd de sens, plombé comme un ciel lorrain sur un champ de ruines.

La musique ne rentre pas pour moi dans les stéréotypes de la musique gothique et ne ressemble à rien de connu - ou alors à Dead Can Dance en allant chercher loin. Le timbre des incantations de la chanteuse (Chloé St-Liphard) ainsi que l'omniprésence d'un violoncelle mélodieux sont très réussis.

L'Aulne et la Mort est presque une des chansons les plus gais de l'album. En tous cas une des plus réussies.







Collection d'Arnell-Andréa - L'Aulne et la Mort


Les Cendres-Lisières
, qui ouvre l'album, n'est pas mon titre préféré mais je suis frappé par ces sonorités métalliques (est-ce fait avec une guitare ?) qui débutent la chanson. Ces 30 premières secondes évoquent pour moi avec beaucoup d'acuité des éclats d'obus, rafales de balles, débris humains qui volent en éclats... Toutes ces choses pulvérisées et réduites à l'état de particule.







Collection d'Arnell-Andréa - Les Cendres-Lisière




L'Ornière, la dernière de l'album, est franchement apocalyptique. Par son rythme ralenti, rempli d'une douleur indicible, cette chanson exprime un regard désespéré qui se pose sur des champs de bataille qui ne sont plus qu'un mouroir gris et silencieux. Vraiment, Collection d'Arnell-Andréa exprime avec beaucoup de talent toute la tristesse du monde face à ce carnage inouï. Les hommes, les animaux, la nature, les lieux : rien n'a résisté à cette apocalypse. Tout est mort, réduit en cendres. Les paroles sont d'une noirceur poétique stupéfiante (on les retrouve sur la pochette de l'album).

Ainsi nous ressemblons aux vestiges de guerre
Algide présence, reliques étendues
Soldats gisants aux sombres marbre de poussière :
Les maux, les bras infirmes, les jambes rompues








Collection d'Arnell-Andréa - L'Ornière


Bon, c'est sûr, tout ceci n'est pas très gai mais j'avoue que je ne connais pas d'autre groupe qui parle de la guerre de manière aussi poétique et poignante. Achetez ce disque (ici), je vous le recommande chaudement !

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3 commentaires:

lchoquel a dit…

J'adore cet album !!

Au point que j'en ai acheté 2 autres du groupe ("Au Val des Roses" et "un "Atomne à Loroy") : même style mais malheureusement moins réussis à part peut-être 1 ou 2 morceaux.

"Gothique" me semble insuffisant pour caractériser le groupe. Il faudrait dire "Gothique terroir" non ?

Christine Choquel a dit…

En tant que meusienne pure souche, je ne peux qu'applaudir à la fois le groupe, l'album et ton article !

J'ai découvert ce groupe en même temps que toi je pense (le 3A a été quelques temps plongé dans cette ambiance un peu glauque suite au concert...).

J'avoue que je suis également très touchée par les textes et l'ambiance... Ça entre en raisonnance avec les images que j'ai de cette guerre suite à mes lectures (Maurice Genevoix par exemple) et avec les traces encore bien visibles de cette triste histoire dans ma région d'origine.

Merci pour l'hommage !

Marivaudage a dit…

lchoquel > je veux bien que tu me "prêtes" les deux autres albums !

Christine > oui effectivement je pense l'avoir découvert en même temps que toi (j'étais même co-organisateur du concert sur le campus !). Je me souviens des fans gothiques, qui étaient venus, habillés en corbeaux avec leurs bouquets de fleurs à la main.
Je me souviens aussi des membres du groupe eux-mêmes, demandant que les lumières soient les moins fortes possibles pour qu'on puisse mieux voir les images d'archives (de la guerre bien sûr) qu'on projetait derrière eux pendant le concert. Quel souvenir !

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