Italians Do It Better

mercredi 19 novembre 2008

Je n'ai pas tellement trouvé le temps récemment de découvrir de nouvelles pépites pointues donc j'en profite pour me pencher un peu sur l'Italo-Disco, ce genre musical d'une incroyable richesse qui s'est développé au début des années 80 et a connu son apogée en 83-85. Comme son nom l'indique, l'Italo-Disco vient du Disco, sur lequel ont été rajoutés des influences New Wave anglo-saxonnes, apportant ainsi une touche de mélancolie et surtout des synthés dégoulinants. L'Italo-Disco n'est pas exclusivement italienne, on trouve des groupes anglais ou allemands, mais la plupart des producteurs et compositeurs venaient de l'Italie du Nord.

1982, kick-off de l'Italo-Disco : l'équipe d'Italie est championne du monde de football

Avec sa succession de one-hit wonders et de groupes sans lendemain, l'Italo-Disco, à vocation résolument populaire, a longtemps été déconsidéré par l'élite avant que des artistes très actuels et très branchés ne se le rapproprient : des groupes aussi divers que Calvin Harris (avec sa chanson-aveu Acceptable in the 80s), Black Strobe (qui définit sa musique comme de l'italo-disco-goth !), Crystal Castles, Pnau, Shy Child ou Chromeo assument pleinement l'héritage de ces petites merveilles pop du début des années 80.

1. P.Lion : le pape de l'Italo-Disco
A tout seigneur tout honneur, commençons par P.Lion, de son vrai nom Pietro Paolo Pelandi, milanais pur souche au look de gendre idéal. Son premier single, Happy Children, a cassé la baraque en 1984 et s'est retrouvé en tête de tous les charts européens.







P.Lion - Happy Children

Son deuxième single, Dream, où l'on retrouve cette espèce de saxo-synthé qui fut sa marque de fabrique, a également été un grand succès. On connaît bien ce titre en France car il était la musique du générique d'une toute nouvelle émission sur une toute nouvelle chaîne : le fameux TOP 50 de Marc "les-p'tits-clous" Toesca. Pour une petite piqure de nostalgie que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, je vous conseille vivement cette vidéo. En revanche, ne vous sentez pas obligé d'écouter Dream jusqu'au bout : au-delà de 4 minutes, ça devient assez horrible mais avant, vraiment, c'est que du bon.







P.Lion - Dream


2. USSR ou l'Italo-Disco Canal Historique
On enchaîne avec Eddy Huntington, un anglais, dont le premier titre et immense tube, USSR, a été écrit et produit par deux italiens. Cette excellente chanson est pour moi la quintessence de l'Italo-Disco. On y retrouve tous les ingrédients :
  • une bonne intro bien rythmée
  • un thème imparable décliné par des synthés-violons bien lourds, bien pleins (0'40)
  • des choeurs assez kitsch (0'55)
  • une voix pop et androgyne qui chante des couplets mélancoliques et un refrain accrocheur.
Et puis, toujours, des petits coups de synthés ici ou là, des mini solos de boite à rythme. Bref, une vraie réussite (j'insiste !).







Eddy Huntington - USSR


3. Ken Laszlo, le parrain
Une autre figure incontournable de l'Italo-Disco est Ken Laszlo, dont voici le titre-phare Hey Hey Guy. J'aime bien cette intro parlée que ne renierait pas aujourd'hui un groupe comme Mysteria.

Comme tant d'autre tubes Italo-Disco, Hey Hey Guy regorge de naïveté et de créativité : on sent que les types qui font ça s'amusent, explorent de nouvelles pistes avec leurs instruments électroniques et partent dans toutes les directions (cf. ce drôle de break à 2'15) - le tout avec une énergie très premier degré et une certaine absence de conscience de soi (il fallait vraiment n'en avoir aucune pour avoir de telles coupes de cheveux).







Ken Laszlo - Hey Hey Guy



4. Le meilleur titre d'Italo-Disco
Puisqu'on parle d'énergie, le summum dans le genre survitaminé est pour moi You Spin Me Round, ce fantastique tube italo-disco des anglais de Dead or Alive, dont le chanteur a un look kitschissime qui n'est pas sans rappeler Tokio Hotel. Je suis frappé par le crescendo permanent de cette chanson :
  • Premières secondes : le cri de ralliement "Watch out ! Here I come !" nous rappelle qu'on n'est pas là pour cueillir du muguet.
  • Très vite après : kick de batterie, mise en place de la rythmique. Ça avance pied au plancher, avec de petites giclées de synthé bien jouïssives.
  • 0'27 : arrivée d'une basse groovy au possible, la boum bat son plein.
  • 0'56 : alors qu'on croyait le climax atteint, on entre en hyper-espace avec l'arrivée d'un nouveau synthé et surtout une nouvelle accélération du tempo.
  • 1'18 : arrivée à sec du refrain ("You spin me right round baby right round ..."). La chanson devient une vraie locomotive, inarrêtable, lancée à pleine vitesse pour retourner les dancefloors de nos vertes années.
  • Et ensuite, on assiste à une succession de faux breaks ultra rapides et de micro solos de boites à rythmes déchaînées. Rien ne semble pouvoir ralentir cette machine folle (notez le bruit de verre cassé à 2'48).
Il y a une telle urgence dans cette chanson ! Comme si Dead or Alive n'avait que 4'30 pour laisser une empreinte dans l'histoire de la musique et qu'ils jouaient leur chance à fond.







Dead or Alive - You Spin Me Round (Like a Record)
Bon, vous l'aurez compris, j'adore You Spin Me Round. Si cette chanson était de Depeche Mode ou de New Order, nul doute qu'elle aurait une méga top crédibilité et serait régulièrement encensée par les Inrocks, Télérama et autres dictateurs du bon goût. Malheureusement, il ne s'agit ici que des ringardissimes Dead or Alive et cette chanson est cantonnée aux soirées rallyes du 16e. Dommage.

5. Atterrissage en douceur
Et pour terminer sur une note plus calme, voici un slow de Den Harrow, autre mastodonte de l'Italo-Disco, Stefano Zandri de son vrai nom. Sorti en 1987, Don't Break My Heart est un de ses derniers hits. Peut-être allez-vous hurler en entendant les premières notes de cette chanson, genre "Là c'est plus possible, les bornes du bon goût sont dépassées !".

Bon, c'est vrai que ça fait un peu peur au début mais, au bout de 2 ou 3 écoutes (eh oui ... j'ai donné de ma personne pour faire ce billet, à me farcir plusieurs fois un quadruple CD Best Of Italo Disco qui contenait son lot de daubes infâmes il faut bien l'avouer), donc bref, au bout de quelques écoutes, vous ne pourrez qu'être ému par la mélodie du refrain (à 1'25) et séduit par l'arrivée tout en douceur d'une rythmique impeccable vers 1'40.

En dehors de paroles bien faiblardes ("You took me by surprise / Just like a rainbow in the night" ... hum hum), Don't Break My Heart est pour moi une incontestable réussite, une chanson vraiment émouvante.








Den Harrow - Don't Break My Heart

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2 commentaires:

lchoquel a dit…

A part Dead or Alive je les trouve toutes inécoutables, et encore, que après le début du refrain 1:18.

Ça doit être parce que je peux pas blairer les synthés années 80 et que mes oreilles ne vibrent que pour le blues rock et la folk. Aussi je suis un peu jaloux de leur look.

Marivaudage a dit…

Louis> inécoutable ? Allons, allons, il faut persévérer et surtout, ne pas bouder son plaisir par snobisme !
Je reconnais volontiers le côté ringard de ces chansons mais je les apprécie vraiment, au premier degré.
- tout comme le look homo-érotique de ces gars.

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