La bande-son de votre correspondance à Châtelet-Les Halles

lundi 24 novembre 2008

Voici trois titres dont l'écoute, à un volume élevé, est particulièrement adaptée aux déambulations dans les couloirs glauques du métropolitain.

Châtelet
Zum Zum de l'anglais Mike Monday est une petite perle d'électro minimale. Le passage entre 1 et 2 minutes est pour moi le plus réussi : sur une rythmique aussi basique qu'efficace se déposent des petites touches sonores (des tchak, des cling, des wizzz) qui sont comme autant de coups de pinceaux de cette toile sombre, dépouillée et déshumanisée.







Mike Monday - Zum Zum (Audiojack Remix)

Les deux filous de Justice ont composé en septembre dernier la bande-son du défilé de la collection Dior Homme. Cette œuvre s'appelle Planisphère et est découpé en 4 morceaux. Le premier, ci-dessous, reprend tous les ingrédients qui ont fait le succès du duo : une rythmique lente et lourde, des sonorités abrasives qui composent une mélodie simple et accrocheuse et surtout ces synthés-orgue (à 3'35) qui donnent toujours un côté messianique à leurs chansons. Rien de révolutionnaire là-dedans mais ça reste bigrement efficace. Ces deux types sont vraiment très forts.







Justice - Planisphère (Part 1)

Zombies, des new-yorkais de Designer Drugs, est une chanson bien glauque qui débute sur les chapeaux de roue, un peu trop d'ailleurs. Mais attendez 25 secondes et vous entendrez l'arrivée d'un thème de synthé très accrocheur et très inquiétant : la bande-son d'un scène de poursuite dans une film d'épouvante. Au bout de 52 secondes, surgit une rythmique imparable qui ressemble au meilleur de Boys Noize. Le break à 2'25 est franchement apocalyptique, d'une séduisante noirceur. Bref, même si tout cela est plutôt sombre, c'est que du bon.







Designer Drugs - Zombies

Nuits Rouges - Georges FranjuLa vision que j'ai de mes congénères du métro (image extraite de Nuits Rouges de Georges Franju - 1974)

Rames sans conducteur, tourniquets qui bippent, distributeurs automatiques de tickets, voix enregistrées : je me demande parfois comment on a fait pour en arriver à un tel niveau de déshumanisation dans l'environnement souterrain de Paris. Ca me laisse perplexe. A partir de quand cela a-t-il commencé à clocher ? Est-ce inéluctable ? Tournez à gauche, serrez à droite, attendez avant de monter, levez-vous de votre strapontin etc. Dans cet univers parallèle où la vie semble être mise entre parenthèses, le champ des possibles est sacrément restreint. Et puis toutes ces rames, ces couloirs, ces quais sont décorés de manière tellement étrange : qui voudrait ce mobilier impersonnel et cet éclairage blafard dans son salon ?

Dans cet environnement irréel, la foule m'évoque la photo ci-dessus : cohorte de morts-vivants vaguement menaçants, au regard vide et aux gestes mécaniques. Moi le premier. Pour que la pilule passe mieux, j'écoute alors les trois titres ci-dessus. Ces chansons abstraites et désincarnées, sans paroles et sans chaleur, m'aident à rentrer en osmose avec les troupeaux de zombies qui m'entourent et les néons glauques qui m'éclairent. Paradoxalement, ces chansons m'aident aussi à me détacher de tout cela et me font un peu flotter au-dessus de la masse. Je trouve qu'on se sent un peu comme Christopher Walken dans The Deer Hunter : partie prenante d'une grande machine mais détaché de soi, extérieure à sa personne.

Châtelet-les Halles : bienvenue en enferBienvenue dans un monde parallèle

Bon, je dis tout ça parce que c'est mon quotidien. Il y a 10 ans, sur les mêmes chansons, j'aurais peut-être écrit "Ouais, ça me rappelle trop le set de DJ machin, au lever de soleil sur la plage à Ibiza, avec Bobby et ce groupe de danoises, en pleine descente d'ecsta (les danoises, pas moi). Trop bien.". Autres temps, autres évocations.

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4 commentaires:

Unknown a dit…

Pour moi le métro, et surtout les grand couloirs de Chatelet-Les Halles, c'est Subway de Luc Besson.
La meilleure prestation de Christophe Lambert!
C'est une représentation du métro et des années 80 que je veux toujours garder à l'esprit.

A écouter : "It's only mystery", Arthur Simms.

Marivaudage a dit…

Sarah > Oui c'est vrai qu'il est bien ce film, bien qu'il soit carrément daté (ou au contraire ça aide ?). Chris Lambert est bien marquant avec son smoking et ses cheveux peroxydés. L'époque où les films de Besson étaient du cinéma d'images et non du cinéma racoleur.

Bon, en revanche, "It's only mystery" d'Arthur Simms, c'est super mega pourri. Eric Serra, c'est vraiment pas possible non ?

Unknown a dit…

écoute "Pilots of Purple Twilight" sur l'album Exit - et tout l'album Stratosfear éventuellement - de Tangerine Dream et dis moi ce que tu en penses.
redécouvert ça y'a pas longtemps et ca me fait bien planer

Marivaudage a dit…

Marc > j'en prends bonne note !

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