Sidney Lumet, 1957
Pitch : c'est un huis-clos. Les 12 jurés d'un procès d'assises pour meurtre délibèrent de la culpabilité d'un jeune homme qui risque la chaise électrique. Presque tous convaincus de sa culpabilité, en dehors d'Henry Fonda of course, ils se laissent petit à petit convaincre par celui-ci et l'acquittent.
12 Angry Men est un film avant tout captivant. J'aime beaucoup l'artifice du huis-clos et du film qui se déroule en temps réel (quels autres films se déroulent ainsi en temps réel ? Je n'ai que Cléo de 5 à 7 qui me vient à l'esprit, dans un genre radicalement différent, et la série 24 évidemment).
En fait, on comprend assez vite que Henry Fonda va réussir à convaincre tout le monde et qu'en fin de compte ils vont acquitter cet innocent. Au bout de 20 minutes, on sait comment le film va se terminer. Mais contrairement au pénible Anna M., je trouve qu'on accepte assez bien cette situation et toute l'attention se porte sur la manière dont Henry Fonda va s'y prendre. On se dit "OK ils vont l'acquitter mais quand même, toutes les preuves sont contre lui, comment diable vont-ils réussir à démonter toute l'accusion ?". C'est un peu comme un Rouletabille ou un Sherlock Holmes. On sait que notre héros-trop-fort va trouver une explication convaincante pour nous mais on se demande vraiment comment il va s'y prendre. C'est cette curiosité qui fait que le film est captivant - et aussi bien sûr le fait que les explications font du sens, nous faisant oublier quelque peu l'artificialité de la situation. On marche. En tous cas moi j'ai marché.
Un autre aspect de la réussite de ce film vient aussi des jurés eux-mêmes. Certes ils sont tous assez caricaturaux (l'ouvrier rustre mais sympa, le petit vieux plein de sagesse, l'enervé de service, le jeune con qui bosse dans la pub, le comptable genre ice-man etc etc) mais ils sont assez vivants et crédibles. On croit en eux.
Enfin, pour moi, comment ne pas aimer un film presque entièrement basé sur du dialogue ? La mise en scène est minimale - ou plutôt on ne remarque aucun effet de mise en scène, ce qui est toujours un bon signe pour moi.
Autre bon point : le réalisateur nous épargne le gros plan sur la tête de l'accusé au moment où on lui annonce son acquittement avec ensuite un plan sur les jurés qui sont trop contents d'eux, bons samaritains et tout, dégoulinants de bons sentiments. J'avoue qu'on attend un peu cette scène à la fin, qu'on l'espère et qu'on est presque un peu frustré de ne pas l'avoir mais, à la réflexion, quand le générique final défile, on se dit que c'est bien mieux ainsi, bien plus percutant et ramassé. Je pense qu'une dernière scène comme celle-ci aurait enlevé rétro-activement de la force au huis-clos auquel on vient d'assister.
Dernière chose, le titre est un peu trompeur, ils sont pas tous en colère ces jurés, juste quelques uns, et encore par intermittence.
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