House by the River

lundi 17 mars 2008



Fritz Lang, 1950

Le pitch : Stephen Byrd, écrivain en panne d'inspiration, tue accidentellement sa jeune et jolie servante Emily qui refuse ses avances. Il arrive à convaincre John, son frère boiteux, de l'aider à se débarasser du corps qu'ils jettent dans le fleuve que borde leur jardin (hence, the title). John, homme bon, a accepté de masquer ainsi le crime de son frère car il aime en secret Marjorie, la femme de Stephen. Au bout de quelques jours, celle-ci hallucine un peu sur le changement de comportement de son mari qui tout d'un coup se met à écrire de super bons livres, inspiré et excité qu'il est par le meurtre qu'il a commis. Après la découverte par la police du corps de la servante ("le fleuve ramène toujours tout") et un procès qui se termine par un non-lieu, John, rongé par le remord, menace de tout raconter à la police. Effrayé par cette perspective, Stephen cerche à se débarasser de son frère John en le jetant dans le fleuve puis tente de tuer sa femme qui entretemps a compris la culpabilité de son mari. Heureusement, John, l'amoureux transi, boiteux et rescapé du fleuve, parvient à empêcher ce meurtre et fait fuir Stephen. Pris de panique, Stephen s'emmêle le cou dans un rideau, tombe dans l'escalier et meurt (!).

Pas facile en fin de compte de résumer ce film qui, vous l'aurez compris, est un film noir typique. Beaucoup d'ingrédients sont en effet là : un meurtre, un amour secret, une unité de lieu, le noir & blanc, un procès, des personnages bons comme du bon pain se battant contre un personnage progressivement diabolique. La transformation de Louis Hayward (Stephen) en criminel alors que les premières scènes nous le montrent comme un mari modèle me fait d'ailleurs penser à la transformation physique de Spencer Tracy dans Dr Jekyll et Mr Hyde : la mâchoire se resserre, le regard devient allumé et perçant, presque expressioniste, et le sourire se fait démoniaque, sardonique. Brrrr ...

Il est difficile de ne pas aimer un film d'un tel classicisme et d'une telle rigueur esthétique. Mise à part une sombre histoire de boucle d'oreilles qui, malgré beaucoup d'insistance, ne mène strictement nulle part, le scénario est solide et le rythme est rapide, sans temps mort.

A ce sujet, je voudrais m'attarder sur l'efficacité avec laquelle le personnage principal et sa situation nous sont présentés :
1. Le film vient de commencer. Plan sur la maison au bord du fleuve, on se rapproche. Stephen écrit quelques lignes sur la table du jardin, se lève et entame une discussion avec sa voisine sur le fleuve qui "toujours ramène tout".
2. La bonne arrive avec un paquet qui vient d'arriver. A la demande de Stephen, elle le dépose sur la table du jardin
3. "Encore un manuscrit refusé" soupire l'écrivain, "Vous devriez écrire des livres plus 'spicy'" rétorque la voisine
4. La bonne dit qu'elle n'a plus d'eau chaude. Stephen lui donne l'autorisation d'utiliser sa propre salle de bains.
4. La bonne repart sous le regard concupiscent de Stephen ce qui n'échappe pas à la voisine qui déclare "Que penses votre femme de votre nouvelle bonne ?"*
5. Lui, gêné, ne sait que répondre et retourne travailler

Cette introduction dure 3 minutes à tout casser mais nous présente d'une manière très ramassé le meurtrier, ses situations professionnelle, maritale et sentimentale mais également le contexte du meurtre à venir (la salle de bains), la victime (la bonne) et l'élément central du film, le fleuve, qui va successivement aider puis punir le meurtrier. L'exposition est donc faite en une scène, sans artifice (voix off, flash-back ou changement de lieu) et l'action peut commencer immédiatement. Remarquable d'efficacité.

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