Le Viol du Vampire

dimanche 20 juillet 2008

Jean Rollin, 1968

Mon 3ème film de Jean Rollin, pour lequel je commence à former une addiction, involontaire mais bien réelle. C'est toujours à base de vampires.

Pitch : le film est divisé en deux parties. La première, appelée Le Viol du Vampire, présente une histoire très confuse. En gros, 3 personnes (un psychanalyste, une fille écervelée et un romantique) rencontrent 4 soeurs vampires qui habitent le même château depuis 400 ans. Ils tentent de convaincre ces filles qu'elles ne sont pas des vampires mais des victimes d'un ensorceleur à l'accent anglais. Elles meurent toutes.
La deuxième partie, intitulée La Reine des Vampires, est carrément incompréhensible. On croise toutes sortes de gens, des vampires, des ex-vampires, des wannabe-vampires, des curés, un borgne, un chirurgien ... Tout ce petit monde s'entretue à qui mieux mieux et à la fin, on ne sait pas trop qui a gagné.

Image 51
Opération à cœur ouvert (quel beau plan, vraiment)

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Mais l'opération tourne mal (trucage un peu cheap c'est vrai)

Le Viol du Vampire
est le premier long-métrage de Jean Rollin. Des trois que j'ai vus, c'est clairement le plus radical. Il est sorti en mai 68 et j'ai lu qu'à la première projection, ce film avait provoqué un tel scandale que le public avait arraché les sièges de la salle pour les jeter sur l'écran ... On était pourtant en mai 68. Le Viol du Vampire est également le seul film en noir & blanc de Jean Rollin.

Image 14
Les quatre sœurs vampires

J'ai retrouvé dans ce film tous les éléments qui me plaisent tant chez ce réalisateur. Le surréalisme, l'expressionnisme, sont dans tous les plans. En outre, il se trouve que les acteurs sont loin d'être mauvais. Le seul vrai problème vient de l'histoire qui est carrément impossible à suivre. Pour moi qui ne suis pas physionomiste, toutes les actrices se ressemblent (le noir & blanc n'aide pas) et j'ai vite abandonnée l'idée de suivre un personnage. En fait, oui, le gros défaut de ce film, c'est qu'on ne suit aucun personnage, on n'y comprend rien d'un bout à l'autre. Tous les personnages ont des destins tellement improbables qu'on ne s'attache à aucun d'eux.

Image 55
Vampires sous perfusion

Mais encore une fois, que de plans saisissants, que d'images percutantes ! Si j'organisais un jour une soirée electro-hype dans un loft new-yorkais, je m'arrangerais pour projeter Le Viol du Vampire sur un écran géant, en boucle et en boucle. Tout le monde serait stupéfait - comme moi aujourd'hui. Chaque plan est incroyable, je n'ai pas assez de place ici pour poster toutes les images qui m'ont tant impressioné dans ce film.

Petit aparté
Un exemple de ce que je reproche à Jean Rollin : son mépris des régles de cinéma les plus basiques (et pourtant je n'y connais rien).
Voici une illustration en 4 plans. Le pitch : un homme et une femme s'enfuient sur la plage. Ils sont poursuivis par un homme qui a un fusil et qui arrive par un tunnel qui donne sur la falaise.
Image 27
1. L'homme au fusil sort de la falaise et cherche l'homme et la femme
Image 26
2. Les voilà qui courent sur la plage !
Image 28
3. L'homme au fusil tire !
Image 29
4. L'homme et la femme sont touchés : ils tombent !
Bon, voilà une scène typique de film de Jean Rollin. Mais bon sang, pourquoi le tireur tire-t-il donc vers le haut (image 3) alors que les gens qu'il vise sont en bas, sur la plage (image 2) ?? Enfin, non, ça ne fonctionne pas ! Il faut qu'il tire vers le bas pour que cette scène soit véridique. Grrrr .... Est-ce voulu de la part de Jean Rollin ? Je me le demande.

Sinon ...
Mais ce n'est pas très grave après tout. L'essentiel reste dans ces plans absolument incroyables que ce film nous propose à tout instant. De ce point de vue là, Le Viol du Vampire est absolument indépassable. Je vous laisse juge.
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Les femmes-vampires-nonnes

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Image 12
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Image 38
Liam Gallagher au cimetière

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A quoi reconnait-on un prêtre-vampire ... ?

Image 40
... à sa croix à l'envers !

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Les mariés de l'an 666

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Image 22
Une preuve (s'il en fallait) que Jean Rollin est capable de composer des plans magnifiques

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holes
Le dernier plan, vraiment très très beau. Un vrai tableau.

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6 commentaires:

lchoquel a dit…

Ayant perdu la connexion 3g j'ai du mal à charger toutes les photos en edge mais sinon ton article déchire grave, super !

Marivaudage a dit…

cheers mate !
Bonnes vacances en EDGE

N./ a dit…

l'année dernière, Nadège a assisté, à Berlin, au tournage d'un film X mettant en scène des vampires-zombies-homos. Je suggère un débat autour de ces trois acceptions, intitulé, "peut-on être vampire, zombie et homo à la fois?" (et le vivre bien...)

Marivaudage a dit…

Je pense qu'on peut le vivre bien, si on vit avec des gens ouverts à la différence.

En revanche, ça me paraît difficile d'être à la fois zombie et vampire :
- les zombies sont des gens normaux qui sont morts et qui reviennent à la vie. On les appelle aussi morts-vivants
- les vampires sont des gens normaux et bien vivants affectés par une terrible maladie, le vampirisme, qui les rend immortels => ils ne sont donc jamais morts, comme Johnny.

Enfin, je suis peut-être un peu rigoriste.

N./ a dit…

oui, mais si :
-les zombies reviennent à la vie, alors ils sont bien vivants.
- quant aux vampires, sont-ils vivants, tout en sachant que, de toute façon, ils ne peuvent pas mourir? La notion même de vivant perdant alors toute sa signification...
Donc on peut-être zombie et vampire à la fois, c'est-à-dire ressuscité, malade, immortel, et, éventuellement homo.

Pas si simple tout cela... Et sont-ce (les zombies ET les vampires) des boooons vivants...?

draune a dit…

le cinéma de Jean Rollin est rare, je dirais même : unique. Malgré ses incohérences et le jeu bancal des acteurs, ou peut-être aussi à cause de cela, j'ai l'impression à chaque film (exception faite du "lac des morts-vivants") d'être au coeur d'une oeuvre poétique incroyable. On n'est plus dans le cinéma-bis ou B ou Z mais ailleurs, dans un véritable cinéma d'auteur. Je sais ce que, d'un point de vue cinématographique, on peut reprocher à Rollin, mais je ne peux quant à moi, m'empêcher d'être "happé" par son univers à la beauté trouble, son travail sur l'image, ses trouvailles surréalistes. Petite anecdote à propos du "viol": Druillet, ami de Rollin de longue date, a non seulement réalisé l'affiche, mais il interprête également un personnage dans le film, l'un des villageois en colère

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