Wizzz !

jeudi 1 janvier 2009

Wizzz! Vol.2 - Born Bad RecordsL'excellent label Born Bad Records, basé à Bagnolet, a sorti il y a quelques semaines une compilation intitulée "Wizzz ! French Psychorama 1966-70 Vol. 2". L'idée de ce disque est de regrouper tout ce que la pop française underground a pu produire de meilleur à la fin des années 60, en marge des artistes yé-yé bien connus de l'écurie Salut les Copains. Les dénicheurs de Born Bad Records ont donc retrouvé des 45T psyché complètement allumés, tirés à quelques centaines d'exemplaires, sortis par des artistes aussi obscurs qu'éphémères et qui répondent aux noms de Zorgones, Jésus, San Antonio ou encore Chorus Reverendus (avec Ticky Holgado !).

En bon adepte de culture-bis, je me suis précipité sur ce CD. Bien qu'il soit de qualité inégale, il révèle son lot de pépites pop loufoques, qui sont des espèces de croisements improbables entre Bobby Lapointe, Sheila et Katerine (je cherche d'ailleurs désespérément à me procurer le volume 1, épuisé et pour l'instant introuvable).

J'apprécie en particulier Maintenant je suis un voyou de l'illustre inconnu Bruno Leys. La mélodie n'est pas très évidente mais le rythme et les arrangements sont de très bonne facture. Le plus intéressant dans cette improbable chanson réside dans ses paroles pleines d'ironie et d'humour noir : "Maintenant je suis un voyou / Je ne traverse plus dans les clous" ou encore "Ma femme je lui ai dit je t'aime / En lui envoyant un chrysanthème".
En fait le type raconte, avec un savant mélange de fiel et de machisme, la dégradation inexorable de sa relation avec sa femme. Il finit par lancer un magistral (et inattendu) "Salut ! Salope ! Tu m'regretteras !" (à 2'25). C'est pas très subtil c'est sûr mais, par son outrance et son décalage avec le reste des textes, cette dernière phrase m'amuse vraiment beaucoup. Et puis pour l'époque, c'était un peu plus subversif et percutant que Jacques Dutronc.







Bruno Leys - Maintenant je suis un voyou

Wizzz! Vol.2 - Born Bad RecordsSur cet autre titre, Des Arbres de Fer, signé Guy Skornik, j'apprécie la rage contenue, la voix filtrée du chanteur et les cuivres bizarres qui ponctuent chaque phrase. Encore une fois, je suis frappé par ces paroles très provocantes et plutôt trash. Derrière la noirceur poétique, à la limite du surréalisme (des "pianistes sans main" !), on sent poindre une terrible frustration. Ce type tape sur tout ce qui bouge et Mai 68 n'est pas très loin. Franchement, qui écrit encore aujourd'hui des textes aussi subversifs ?
Des arbres de fer, de vieilles femmes aux seins bleus
De grands cris terrifiants lancés par des chiens dans les cieux
Des chapelets de sang
Des filles aux cheveux blancs
Des moulins de Hollande déracinés par le vent

Mais, Bon Dieu ou Satan,
Je n'ai donc plus le droit
De rêver, de fumer, de voyager de temps en temps ?

Des masques de feu, des prêtres adultères
Des enfants dans les rues qui complotent pour tuer leurs pères
De violents coups de reins
Des pianistes sans main
Des moulins de Hollande déracinés par le vent
Je me dis qu'un tel texte ferait une bonne base de scénario pour un film de Georges Franju.







Guy Skornik - Des arbres de fer

Il y a encore beaucoup d'autres chansons, et surtout beaucoup d'autres textes, qui valent la peine d'être entendus sur cette compilation (en particulier Je suis inadaptée de Brigitte Fontaine et KKK de Serge Franklin). Tous ces groupes avaient définitivement des choses à dire et de l'énergie à revendre. Conclusion en 3 mots : achetez ce CD !

Et bonne année 2009 à vous tous, chers lectrices et lecteurs. Je vous aime.

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