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J'ai appris deux termes de cinéma grâce à Suspiria (et à Wikipedia) : giallo et slasher. Giallo est le nom donné en Italie aux romans policiers - en raison de la couleur de leur couverture (jaune littéralement). Par extension, ce terme désignera les films issus d'un mouvement cinématographique italien des années 70, mélange de fantastique, de policier, d'horreur, voire d'érotisme. Les deux cinéastes les plus illustres de ce mouvement sont apparemment Mario Bava et Dario Argento. Un slasher est quant à lui un sous-genre scénaristique du film d'horreur dans lequel un tueur (psychopathe en général) assassine un par un les personnages de l'histoire. J'avais déjà vu des slasher sans le savoir : Psychose, Scream ou Souviens-toi l'été dernier par exemple.
Bref, Suspiria, qui est un slasher, est le premier film de Dario Argento (et donc le premier giallo) que je vois. J'ai lu ici ou là que Suspiria était considéré comme l'œuvre maîtresse d'Argento. Je n'ai pas vu les autres mais je dois effectivement avouer que Suspiria est un film parfaitement maîtrisé et extrêmement impressionnant, même s'il dépasse parfois la limite de ce que je peux supporter, graphiquement, au cinéma.
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Ce film, au scénario somme toute assez convenu, est avant tout un festival visuel et sonore.
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Goblin - Tenebre
Justice - Phantom
Mais le vrai point fort de Suspiria est son incroyable univers visuel : décors, lumière et omniprésence du sang. Et comme des images en disent plus qu'un long discours, voici quelques photographies particulièrement saisissantes.
Les décors
Avant toute chose, Suspiria est frappant par le cadre dans lequel il se déroule. Argento nous propose un mélange inédit d'Art Nouveau, d'Art Déco et de baroque. Les couleurs sont criardes, les proportions grandioses. Tous ces décors, particulièrement soignés et hautement inhabituels, contribuent à l'atmosphère étrange qui s'installe dès la première minute du film.
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Le décor le plus impressionnant du film : l'appartement dans lequel a lieu le premier meurtre
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Même décor, avec une fille à travers la verrière
Même décor, même fille, pendue cette fois
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Le fronton de l'école de danse, rouge
Le hall d'entrée, bleu
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Couloir Art Déco, porte Art Nouveau
Le bureau de la directrice
La lumière
Dario Argento utilise de nombreux projecteurs aux couleurs très marquées (rouge, bleu et vert principalement) qui sont comme des couches supplémentaires aux somptueux décors. D'après moi, ces jeux de lumière, complètement irréels et artificiels, fonctionnent comme des mises en valeur de certains éléments du plan : un visage, une silhouette, une vitre. L'univers visuel qui en résulte est en tous cas très particulier et ne ressemble à rien de connu.
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Le dortoir des filles avec cet étonnant éclairage rouge qui autorise de jolis jeux d'ombres chinoises
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Arrivée de Suzy en taxi en lumières rouge, blanche et bleue
La copine de Suzy, toute verte et toute effrayée
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La chambre de Suzy
La même copine, après avoir traversé la chambre aux barbelés
Le sang
Enfin, Dario Argento n'hésite pas, tout au long du film, à nous montrer de grande quantité de sang mais celui-ci a une couleur complètement irréelle, qui penche vers le rose ou le mauve. Voilà qui est intéressant : ce n'est plus du sang qu'on voit, c'est une espèce d'abstraction (ou d'idée) du sang. Tel un peintre, Argento se sert de cette couleur complètement artificielle pour appliquer la dernière couche de couleur sur les vrais tableaux que sont les plans de ce film. Encore une fois (j'en ai déjà parlé plusieurs fois sur ce blog), je suis toujours friand de cette démarche de déformation de la réalité dans un but esthétique. Non au réalisme, oui à la poésie ! Il me semble avoir lu quelque part que les réalisateurs de films d'horreur étaient les derniers poètes du cinéma. Je ne sais plus si c'est une blague mais je comprends assez bien (et partage) ce point de vue.
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Ce sang est si irréel et ces stries si parallèles que ce plan en devient presque abtsrait
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Le sirop contre l'anémie dont Suzy se débarasse
La fille à la verrière toujours
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Ca me rappelle l'homme à la tête fendue de Lost Highway
Même le vernis à ongle est de ce rouge Suspiria
En revanche, Suspiria m'a permis de définir une limite de ce que je peux supporter à l'écran. Dans la scène du premier meurtre, filmée par ailleurs magistralement, Argento nous inflige des gros plans de couteaux s'enfonçant dans un cœur qui bat encore. Là, c'est un peu trop graphique et trop explicite pour moi. Ce plan est pourtant encensé par les fans d'Argento. Je ne prends absolument aucun plaisir à voir de la chair se faire découper en gros plan et j'avoue que je détourne le regard.
Je ne pense donc pas que je poursuivrai mon odyssée du cinéma bis dans des films ouvertement gore. Même si je peux être séduit par l'aspect esthétique du sang, je préfère toujours la suggestion à l'explicitation totale, de la même manière que l'érotisme m'intéresse alors que la pornographie m'ennuie.
Ce bémol mis à part, Suspiria est un film époustouflant, haletant, totalement maîtrisé et dont l'inventivité visuelle n'a pour moi pas d'équivalent. Une parfaite combinaison entre l'épouvante et le superbe.
Bon et moi la prochaine fois je parlerai de "Oui-Oui et la Gomme Magique" parce que là je commence un peu à avoir la nausée à force de voir, revoir et manipuler ces images.
Edit (août 2009) : de l'eau a coulé sous les ponts depuis et j'ai refait un article sur ce film - cliquez ici.