Robert Zemeckis, 1985
Un film facile pour reprendre ce blog après plus de 2 mois et demi de silence inexcusable.
Pitch : Marty, pur ado ricain des 80s, voyage 30 ans en arrière, se fait draguer par sa mère (Freud nous voilà !), remet son andouille de père dans le droit chemin (i.e. dans le chemin de sa mère) et parvient in extrémis à revenir au présent (enfin, 1985). Il arrivera même à sauver ce bon vieux Dr Brown, dit 'Doc', des griffes des méchants libyens. Eh oui, nous sommes en 1985, donc pas de méchants saoudiens/irakiens/iraniens mais des libyens à la solde de Kadhafi.
Voilà un film jubilatoire. Un film inusable, vu, revu, archi-vu. J'ai quand même trouvé le moyen de le regarder deux fois en un week-end, sans m'ennuyer une seconde, sans zapper une seule scène. Ce qui est frappant dans ce film c'est de voir à quelle point le scénario est en béton, extrêmement bien construit et ne laissant aucun temps mort. Malgré l'invraisemblance de l'histoire, tout se tient, tout s'enclenche et tout s'imbrique parfaitement - un peu comme dans une partie de Tetris parfaite, où il y a pile les bonnes pièces au bon moment. Par exemple, le Two Pine Mall qui devient le Lone Pine Mall, c'est très malin comme idée et ce n'est pas lourdement exposé, le genre de choses que je ne remarque qu'à la deuxième ou troisième vision.
Retour vers le Futur est un vrai "feel-good movie" : on sent que le réalisateur s'amuse et souhaite amuser son spectateur, sans le décérébrer, sans se moquer de lui, sans le tromper.
Ma scène préférée se situe vers la fin, lors de la soirée Féerie Dansante des Sirènes - ou des Sardines c'est selon. Ce gros geek de MacFly (son père) a enfin réussi à emballer cette dévergondée de Lorraine (sa mère) : la situation est donc arrangée, toute la petite famille s'est reconstituée sur la photo et notre héros Marty, tout comme le spectateur, peut souffler 5 minutes avant de repartir dans le futur. Il est à ce moment-là guitariste au sein de l'orchestre du bal et décide d'envoyer "un bon vieux rock bien rétro", à un public qui n'a évidemment jamais entendu ça. Il commence donc Johnny B. Goode ("alors les gars c'est un blues en mi, pour les changements vous me suivez") et finit par se lâcher complètement sur le solo de guitare, à sauter partout, jouer avec les dents, faire du tapping à la Van Halen, shooter dans les enceintes. A la fin de sa performance, Marty ouvre les yeux : tout le monde est médusé, il s'excuse ("bon .. euh .. vos enfants vont adorer") et s'en va.
Cette scène est fan-tas-tique, pour moi une des meilleures scènes du cinéma tout court. J'ai des frissons de plaisir à chaque fois que je la vois. J'aime le fait qu'elle soit outrancière, exagérée. On est au cinéma après tout. J'aime le fait que le spectateur soit partie prenante de cette scène : on tremble pour le ridicule dans lequel se plonge notre héros, on aimerait lui dire "stop" mais en même temps on jubile en imaginant la réaction des personnes dans la salle de bal, on est dans le camp de Marty, on a vraiment envie de voir quel effet ça ferait de jouer un solo de hard rock à des gens qui ne connaissant qu'Otis Redding. Cette scène réalise un fantasme d'un ordre divin. Enfin, je m'emballe un peu.
Un bon vieux rock bien rétro
Go! Go! Johnny go go go!
Début de solo
Fin de solo
La foule consternée
C'est du pur plaisir cinématographique : je veux dire que ce n'est pas une scène qui germe dans la tête d'un scénariste (cette scène n'apporte rien à l'histoire) mais qui est une pure idée de réalisateur qui veut faire plaisir à son spectateur. Une vraie scène d'auteur en fin de compte, que je rapprocherais de la scène du biplan mitrailleur vs. Cary Grant dans La Mort aux Trousses : intérêt nul pour le scénario, intérêt maximal pour le spectateur ébahi de plaisir devant son écran.
Sinon, moi qui avais toujours vu ce film doublé, j'ai noté pas mal de différences en le voyant ainsi en VO. Marty ne se fait plus appeler Pierre Cardin ("C'est bien comme ça que vous vous appelez non ? C'est écrit sur tout vos sous-vêtements") mais Calvin Klein. J'aurais pu m'en douter. En revanche, le fameux "Alors, tu fais comme dans l'infanterie, tu te tires ailleurs" se traduit par "So, why don't you make like a tree and get outta here? " que j'ai bien peur de ne pas saisir ...
Je ne résiste pas au plaisir de vous faire profiter de l'excellentissime chanson-titre de ce film :
The Power of Love des mythiques Huey Lewis and the News
... et c'est mon premier post de musique ...
2 commentaires:
ce ne sont pas des libanais qui menacent Doc Brown, mais des libyens. sur fond de trafic de plutonium.
Ah ouais dis donc quelle erreur.
des Libyens bien sûr !
Corrigé !
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