Pur Week-end

jeudi 17 avril 2008


Olivier Doran, 2007

Pitch : 7 copains d'enfance partent en randonnée pour le weekend. Parmi eux, un prisonnier en permission, sur lequel la police veut finalement remettre la main. Lui ne veut pas se rendre et entraîne ses 6 copains dans une randonnée-poursuite au coeur des Alpes. Les engueulades fusent, les souvenirs d'enfance remontent et les péripéties s'accumulent. Un pur weekend donc.

Je crois que je développe une Kad Merad-addiction, à mon insu. C'est son cinquième film (en tant qu'acteur) que je vois en moins d'un mois (après Bienvenue chez les Ch'tis, 3 Amis, Je vais bien ne t'en fais pas et Les Choristes ... waouh elle fait peur cette liste quand on met ces films bout à bout) et je n'ai pas pour autant eu l'impression d'agir volontairement. Quelle est donc la force occulte qui me pousse vers cet acteur ? Je n'en sais rien. Bref bref.

Pur Week-end, c'est un pur navet. Bon je sais c'est facile mais c'est aussi sacrément vrai. Depuis que j'ai commencé à écrire ce blog, je n'ai jamais été autant affligé. Je cherche les mots pour parler de cet exécrable film sans pour autant tomber dans l'outrance, qui pourrait desservir mon propos voire créer une certaine curiosité chez mon lecteur - cette curiosité de la nullité qui finit par apporter une certaine respectabilité underground à des cinéastes comme Ed Wood ou Jean Rollin.

Non, Pur Week-end est un film normal, pas de série B ou Z. Ce qui agace en premier, c'est de constater que le film se cherche continuellement un genre : ça commence comme de la comédie romantique familiale, ça bascule brutalement dans le film policier puis ça redevient une comédie pure et à nouveau ça redevient un polar à la française etc etc. Pourquoi pas après tout, rien n'oblige un film à rentrer dans le strict cadre d'un genre. Le problème avec Pur Weekend, c'est qu'au bout d'un certain temps, on a le pire des 2 mondes : une comédie pas drôle et un mauvais polar. Les Randonneurs meets Anthony Zimmer. On se moque très vite de la trame policière qui, exposée de manière confuse, semble en fait sorti du Club des Cinq plutôt que de Usual Suspects. On galère autant à trouver une force comique à ce film. Je suppose que l'humour se voulait grinçant, un peu à la Bacri/Jaoui mais c'est là aussi complètement raté : les dialogues sont écrits à la truelle, les personnages grossiers et réduits à un stéréotype.

Un film déjà oublié

Je crois que je vais arrêter pour un certain temps ce genre de films, à savoir les comédies dramatiques/romantiques françaises de ces dernières années, non vues au cinéma car je sentais bien que ce n'était pas des chefs-d'oeuvre mais que je revois en ce moment en VoD, par faiblesse intellectuelle. Est-ce cela que l'on appelle les "films du milieu" i.e. ni des films d'auteur intimistes ni des blockbusters à la Astérix ? J'ai lu récemment que les professionnels de la profession s'inquiétaient de la disparition des films du milieu. Si Pur Week-end est l'exemple typique du film moyen, eh bien .... bon débarras !

Bienvenue au Gite

mercredi 16 avril 2008


Claude Duty, 2003

Pitch : un couple de parisiens pur porc s'installe dans un bled dans le Lot pour reprendre un gite rural. Comment va se passer leur adaptation ? Comment va faire ce film pour se sortir d'un pitch aussi foireux ?

J'ai comme des envies de films pourris en ce moment. Après La Boum hier soir, j'enchaîne avec Bienvenue au Gite, un film dont je n'avais que très mollement entendu parler.

Eh bien c'est assez surprenant en fin de compte. Je connais très mal Marina Fois mais elle m'a plutôt convaincu dans son rôle - à défaut d'être originale (dans ce film, elle joue du Agnès Jaoui à fond les manettes). J'ai aussi un faible pour Philippe Harel, son côté pince-sans-rire premier degré (pour autant que cela existe) est assez original et est constant dans les films que j'ai vus de lui, Les Randonneurs & La Femme Défendue notamment.

Il y a heureusement très peu de scènes du genre "la scène du petit déjeuner au maroiles de Bienvenue chez les Ch'tis" à savoir des scènes "typiques du terroir", pleines de fausse connivence et d'authenticité en carton pâte. Le scénario est lui-même assez étonnant, malgré toute la prévisibilité qu'on pourrait craindre du pitch, et les personnages ne sont pas trop trop caricaturaux. Les dialogues, à défaut d'être franchement désopilants, sont très bien écrits, ça m'a marqué.

Bref, une comédie populaire.

La Boum

mardi 15 avril 2008


Claude Pinoteau, 1980

Pitch : Victoire, "Vic" pour les intimes, a 13 ans et bien des soucis en débarquant de son trou (Versailles) au lycée Henri IV : les mecs, les boums, les cours, la danse etc. Qui pourra l'aider ? Pas ses parents qui, en pleine crise de la quarantaine, enchaînent également les plans loose. Il reste heureusement l'arrière grand-mère bonne comme du bon pain. Tout s'arrange autour d'un bon plat de pâtes.

Par rapport à L'Etudiante, qui est un atroce navet, encore plus daté que ... euh ... Orange Mécanique, par rapport à La Boum 2 dont je garde un souvenir très lointain et très mauvais et même par rapport à l'entière filmographie de Sophie Marceau (ah Pacific Palissades, Fanfan ...), La Boum tient presque du petit miracle rohmerien. C'est évidemment très daté mais dans le bon sens du terme : La Boum me paraît être une photographie sincère et juste de l'adolescence en 1980. L'équivalent 20 ans après des 400 coups - toutes proportions gardées hein.

J'aime le timbre de voix de Brigitte Fossey. Elle a un côté suranné et décalé qui étrangement me rappelle Fanny Ardant. Je suis également séduit par l'"amour" que porte Samantha (mais si souvenez-vous, la petite soeur de Pénélope, qui rentre en 6e, avec ses nattes, qui a la varicelle et tout) envers Claude Brasseur. Cet élément de scénario est assez incongru, n'apporte pas grand chose à la grande histoire, mais est assez touchant. Denise Grey est en revanche assez prévisible et donc assez gonflante dans son rôle de grand-mère modèle : ça va on a compris, pas la peine d'en faire des caisses.

J'hésite maintenant à regarder La Boum 2, histoire d'être sûr que c'est aussi mauvais que dans mon souvenir.

L'Homme qui en savait trop

mardi 8 avril 2008

Alfred Hitchcock, 1953

Je crois que je suis tout doucement en train de revenir d'Hitchcock.

Un bon film certes mais pas un chef d'oeuvre non, loin de là : rendez-moi Les 39 Marches, qui est pour moi l'un des 10 meilleurs films de tous les temps, rendez-moi la légèreté de ton, rendez-moi la période anglaise de Hitchcock et reprenez la période américaine et reprenez la "self-conscious virtuosity" (j'offre un pin's d'une valeur de 1 FF à qui me trouve une traduction correcte de self-conscious) qui remplit tous les "grands films" de Hitchcock que je trouve boursouflés : celui-ci + Les Oiseaux, Fenêtre sur Cour (sacrilège que de s'attaquer à ce film) et même dans une certaine mesure Vertigo (re-sacrilège).

To Be or Not To Be

lundi 7 avril 2008


Ernst Lubitsch, 1942

Attention chef d'oeuvre !

Le Dictateur

dimanche 6 avril 2008

The Great Dictator
Charles Chaplin, 1940

Pitch : le barbier vs. le dictateur.

J'ai été élevé aux films de Chaplin, plus qu'aux Disney. Ils ont vraiment été les films de mon enfance, ceux qu'on voit des dizaines de fois, sans bien les comprendre au début, un peu comme les Tintin, mais qui s'ancrent en vous pour toujours. Je revois encore les cassettes VHS, posées jamais loin du magnétoscope, avec leurs pochettes en carton cornées et qui portaient au crayon les titres de ce qui était, pour mes frères et moi, les Big Four, les quatre chefs d'oeuvre indiscutables de Charlot, à savoir La Ruée vers l'Or, Les Lumières de la Ville, Les Temps Modernes et Le Dictateur. Le Kid et Le Cirque étaient un peu à part, on ne les avait pas en cassette et on n'avait donc du les voir que deux ou trois fois.

Je les ai tous revus régulièrement depuis l'enfance, sauf Le Dictateur, revu donc cette semaine 15 ans après mon dernier visionnage. Eh bien, sans vouloir brûler les icônes de ma prime jeunesse, je trouve Le Dictateur un ton en dessous des autres. Chronologiquement, c'est le dernier et il annonce en fin de compte les films plus tristes de Chaplin (Mr Verdoux, Les Feux de la Rame, Un Roi à New-York). Quand je dis "plus tristes", c'est un peu simpliste. Ce que je veux dire, c'est que plus Chaplin avance en âge, plus il me semble que l'émotion, la morale politique et sociale ou encore le scénario prennent le pas sur le comique, le burlesque, le slapstick. Le gag quoi.

En fin de compte, ses meilleurs films sont pour moi "ceux du milieu", des années 1925-1935, quand tous ces ingrédients, les sérieux comme les légers, sont réunis. C'est le cas des Lumières de la Ville ou des Temps Modernes, qui sont des chef d'œuvre d'invention comique et qui dégagent une émotion incroyable (Les Lumières de la Ville) ou un message politique percutant (Les Temps Modernes). Bon, ceci dit, je suis également fan hardcore de Le Cirque, qui ne contient que du gag visuel pur et qui est très léger.

La dactylo au look très 70s de Hynkel.

Dans Le Dictateur, le message politique est évidemment omniprésent. Les nazis, les juïfs, Hitler ... tout cela est quand même assez tendu. Quand des scènes "comiques" s'installent, elles paraissent empruntées, ampoulées, presque forcées. Et donc pas très drôles, malgré le génie de Chaplin. En fait on a l'impression qu'il se sent encore obligé de faire le clown alors qu'il a envie de passer à autre chose, surtout sur un tel sujet. Les scènes avec le pseudo-Mussolini sont par exemple assez lourdes. En revanche, je ne peux me retenir de rire quand Chaplin-Hynkel entame ses discours haineux dans sa novlang : on ne comprend rien à cette langue, qui est une pure invention, et Chaplin fait passer toute sa puissance comique dans les sonorités, le regard, l'attitude corporelle, les mouvements de bouche. Un peu comme la scène de danse des Temps Modernes. En voyant ça, on peut raisonnablement mettre en doute la réussite de son passage du muet au parlant. Oui je crois que c'est ça en fin de compte, ce qui me plaît dans Le Dictateur c'est tout ce qui pourrait venir d'un de ses films muets antérieurs.

Ah et puis tiens je trouve que Paulette Godard n'est pas franchement mise en valeur dans Le Dictateur. Je l'y trouve très quelconque alors qu'elle est absolument époustouflante dans Les Temps Modernes, avec son regard de bête traquée, inoubliable.

3 Amis

vendredi 4 avril 2008


Michel Boujenah, 2007

Pitch : 3 amis d'enfance, la quarantaine, traversent à la même période, comme par hasard, des galères sentimentales, professionnelles ou familiales. Ils essaient de s'entraider mais ne font parfois qu'empirer la situation. Euh ... il se passe pas grand chose de mémorable mais ça se termine pas trop mal pour chacun d'eux.

Après Bienvenue chez les Ch'tis vu récemment et Je vais bien ne t'en fais pas, je continue donc à explorer la filmographie édifiante de Kad Merad, ce futur monstre sacré du cinéma populaire à la française.

3 Amis, ça commence très mal. J'ai failli arrêter au bout de 20 minutes tellement je trouvais ça laid. Je ne sais pas si le film s'améliore au bout d'un certain temps ou si c'est moi qui finit par baisser mon niveau d'exigence mais au final, j'ai regardé ce film jusqu'à la fin sans ennui. Je découvre et j'aime bien Pascal Elbé qui a un petit côté "J'encaisse toutes les galères du monde sans me décourager et sans perdre ma dignité". Un côté burlesque qui n'est pas sans rappeler Emmanuel Mouret voire Buster Keaton si on va chercher très loin. Mathilde Seigner a mis (un tout petit peu) en retrait son insondable vulgarité et en est supportable. Elle met surtout en avant dans ce film sa vivacité et sa répartie. Kad ... eh bien c'est Kad, égal à lui-même, n'en faisant pas trop, alternant les coups de sangs et les airs de chien battu, comme souvent dans les films que j'ai vus de lui.


Le scénario a très peu d'intérêt. C'est avant tout un film de scènes, de situations. On ne nous raconte pas une histoire, c'est certain. Pourquoi pas après tout, ce n'est pas toujours crucial. 3 Amis est ce genre de films qui pourraient s'arrêter à peu près n'importe quand dans la dernière demi-heure ou alors qui pourraient durer 1 heure de plus. Au choix.

Ultime et émouvante apparition de Philippe Noiret dans 3 Amis. Je suis un inconditionnel de cet acteur, ne serait-ce que pour La Vie de Chateau, Coup de Torchon et son rôle terrifiant dans La Grande Bouffe. Rest in Peace Phil.