Rafael Portillo, Mexique, 1957
Un DVD acheté complètement au hasard, sur la seule foi de sa belle pochette, et qui avait pour but de commencer mon initiation à la série B mexicaine qui a paraît-il connu un relatif âge d'or pendant les années 50/60 (dans son autobiographie, Jean Rollin mentionne quelques oeuvres mexicano-vampiresques à voir absolument). Pas de bol : La malédiction de la momie aztèque s'avère être un vrai naufrage.
Pitch : j'ai découvert que le film était en fait la suite de La Momie Aztèque, sorti également en 1957. La malédiction de la momie aztèque démarre donc là où le précédent se terminait : l'infâme Dr Krupp est en prison et le sympathique Dr Almada peut envisager sereinement son mariage avec la belle Flor. Malheureusement, aidé par ses hommes de main, le Dr Krupp s'évade et enlève Flor grâce à laquelle il compte mettre la main sur un trésor aztèque. Flor est en effet la réincarnation d'une aztèque du 15e siècle et, sous hypnose, elle saura mener le Dr Krupp à la pyramide enfouie qui contient le trésor. Arrive alors un improbable catcheur-vengeur un peu enrobé, en voiture de sport, qui répond au nom de Angel, et qui va venir à l'aide du Dr Almada pour sauver Flor. Mais il s'avère que Angel est un piètre super-héros qui en fin de compte crée plus de problèmes qu'il n'en résout et tout le monde est fait prisonnier par le Dr Krupp. Tout s'arrange lorsque la momie se réveille après 200 ans de sommeil et, lors d'une obscure scène finale, massacre le Dr Krupp et toute sa clique.
Bon ... que faire face à un tel film ? Que dire ? On remarquera d'abord que La malédiction de la momie aztèque est un étonnant patchwork : film noir, film de super-héros, film de savant fou, film de momies ... c'est un peut tout cela à la fois. On appréciera le fait que le film ne dure que 65 minutes. On déplorera les incohérences ahurissantes de l'histoire, les combats terrifiants d'invraisemblance, les dialogues aberrants, la pauvreté des décors ou encore l'absence totale de jeu d'acteur. Tout ceci est quand même très fauché et complètement dénué de toute ambition artistique.
Reste .... reste quoi ? Allez, reste un peu de poésie dans la scène de flashback dans le temple aztèque. Reste une certaine fraîcheur de ton. Reste un certain courage à réaliser un film pareil. Non mais franchement, ce super-héros déguisé en catcheur qui se prend mandale sur mandale et échoue dans tout ce qu'il entreprend, il fallait quand même oser l'inclure dans le scénario !
Et moi je crois que je vais repasser le Rio Grande et rester, pendant un certain temps encore, dans la série B US. Cette incursion mexicaine ne me dit rien qui vaille.
Apparition de notre super vengeur-catcheur Angel
La scène au 15e siècle dans le temple aztèque
Angel en plein galère au-dessus de la fosse aux serpents
Le professeur diabolique / savant fou de rigueur
2 commentaires:
Ah, les mexique des sixties ! je comprends qu'il faille s'accrocher severe face à un tel concentré de folie furieuse et de délire débridé sur pellicule mais tout de même, quel bonheur ! quelle fougue ! Entre ces scenarios puerils qui auraient très bien pu être l'oeuvre d'un enfant un brin agité, avec retournements de situations constants et improbables, idées farfelues, savants fous, super-heros, créatures d'outre-tombe, et ces effets de production plus que bon-marché, carton pate à tout va, costume emprunts d'un folklore d'operette, bric à brac mal racordé mais éminemment poétique, que peut-on demander de plus ? Bien entendu, selon les gouts, l'ensemble est soit entierement ridicule soit emprunt d'une magnifique touche d'expressionnisme involontaire.
enfin, bref, je ne vais pas me laisser emporter ici par le flot de ces phrases, etc etc, et puis tout cela me donne envie de faire un article sur le sujet.
sinon, si tu souhaites te replonger dans les abysses du bis south of the border, je ne peux que te recommander l'ahurissant El Baron Del Terror (j'en parle ici :http://muller-fokker.blogspot.com/2008/01/kinocrado-3-le-baron-de-la-terreur-1961.html) ou, dans le genre désormais ultra-legendaire des luchadores, un bon vieux Santo et/ou Blue Demon, tout n'y est pas exceptionnels mais certains valent le détour. Comme, par exemple, Santo contre l'invasion des martiens, dans un n&b sublime, un film sans temps mort, probablement mon Santo favori avec des scenes de lutte libre filmées en mode 'naturaliste', ou Les Champions de La Justice, pot-pourri invraissemblable (abordé ici : http://muller-fokker.blogspot.com/2008/08/champions-of-justice-1971.html) - celui-là, c'est un sacré machin, niveau n'importe quoi, on est même pas très loin des rives démentielles du cinema turc des années 60...
Et ça encore c'est le deuxième film. "La Momie aztèque" (qui ne maudit pas encore) me semble pire.
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